Rossellini au travail

Rossellini au travail

Triptyque Rossellini
En juin 1977, Roberto Rossellini, géant du cinéma mondial, disparaissait à l’âge de 71 ans.
Quelques mois plus tôt, le cinéaste avait réalisé à Paris sa dernière oeuvre, consacrée à l’ouverture du Centre Georges Pompidou. Le producteur de ce documentaire, Jacques Grandclaude, avait eu à ce moment l’idée de montrer Rossellini au travail : on y voit le maître et son équipe filmant Beaubourg l’année même de sa mort.

Cette expérience unique a donné à Jacques Grandclaude l’idée de mettre sur pied un centre où l’on étudierait le processus de la création. Après bien des années d’efforts, le projet, intitulé Fondation Genesium, voit enfin le jour. Conçu en association étroite avec la Ville de Mons, il entre à présent dans sa première phase. Son initiateur a réservé à L’Eventail la primeur de l’information.

Entretien

Jacques Grandclaude – Renzo Rossellini, l’unique ayant droit des oeuvres de son père, a visité récemment l’exposition Triptyque Rossellini 77 qui se tient jusqu’au 21 octobre au Macba, le Musée d’art contemporain de Barcelone. Très impressionné par la découverte de la dernière oeuvre de son père, projetée là-bas dans des conditions idéales, il a accepté d’être un des membres fondateurs de Genesium et nous donne l’intégralité des archives paternelles sous la forme d’un disque dur. En outre, il écrira avec moi le scénario du film qui mettra cet héritage en valeur. Pour souligner l’importance de cette collaboration, il a été prévu que Renzo Rossellini et moi-même remettions à Elio Di Rupo, au cours d’une cérémonie à l’hôtel de ville de Mons, le disque dur des archives paternelles, ainsi qu’un autre disque dur contenant l’intégralité du Triptyque Rossellini 77 (où l’on voit notamment le maître au travail au début de 1977).

– Vous avez donc noué une étroite collaboration avec la Ville de Mons ? – En effet, le recteur de l’Université de Mons soutient à fond notre initiative, et cela devrait déboucher sur l’instauration d’un doctorat en critique génétique. Par ailleurs, la Ville a manifesté une volonté d’engagement qui me paraît essentielle. L’échevin de la Culture Jean-Paul Deplus est un des membres fondateurs de Genesium. Dans un premier temps, la fondation aura son siège social au Mundaneum (76 rue de Nimy) où elle disposera d’une pièce. L’étape suivante – qui est liée à la concrétisation des budgets “Mons 2015” – prévoit que des locaux seront mis à notre disposition à la Maison Losseau, tandis que le stockage et la consultation des archives se feront à l’Arthotèque. Dans l’immédiat, Philippe Bosman a spontanément proposé de mettre à la disposition de Genesium des espaces dans un des immeubles lui appartenant à Bruxelles.

– Il y a eu aussi un engagement très concret du côté du Studio L’Équipe… – Il se trouve que ce studio basé à Bruxelles fête cette année son 50e anniversaire. Renzo Rossellini a décidé de participer à cette célébration, car il voulait rendre hommage à Philippe et André Bosman, qui ont investi plus de 200 000 euros pour restaurer et numériser les 26 heures d’images en 16 et 35 mm composant le Triptyque Rossellini 77. Avec Marie-France Delobel, qui s’est associée au projet dès la première heure, nous avons ainsi réussi à rassembler autour de Genesium des personnes partageant notre vision. Parmi ceux qui nous ont rejoint récemment, je voudrais citer les initiateurs en France de la “critique génétique” : Pierre Marc de Biasi et Daniel Ferrer.

– Entretien réalisé par Marcel Croës